Journée mondiale de lutte contre le paludisme : Le traitement palu sous le poids des ruptures et des surcoûts
En ce jour de célébration de la lutte contre le paludisme, Positive-Generation lance un signal d’alarme à l’endroit des pouvoirs publics sur l’état critique de la prise en charge paludisme Cameroun.
Entre 2022 et 2023, de nombreux cas de ruptures des anti paludiques ont été observés dans les formations sanitaires rependues dans tout le territoire camerounais. Les médicaments concernés sont l’Artemether 80mg et l’Artemether cp 80/480mg, l’Artezunate Amodiaquine, l’Artemether Lumefantrine 20/120 mg, l’Artesunate 60mg injectable, l’ASAQ 25/67,5 mg, l’ASAQ 50/135 mg… Des absences totales de traitement allant souvent à plus d’un an. Les données d’observation du Treatment Access Watch (TAW) font état, par exemple, de 13 mois de rupture continue d’anti palus des enfants de 0 à 5 ans, l’Artésunate 60mg injectable, Artemether Lumefantrine 20/120 mg et des ASAQ, au CMA de Nkololoun dans le district de New-Bell à Douala. A ceci vient s’ajouter la rupture d’un an des ASAQ dans la région du Centre spécifiquement dans le district de Bafia.
Une situation qui montre à suffire des manquements graves dans la distribution des médicaments contre le paludisme par les Fonds Régionaux pour la Promotion de la Santé (FRPS) sous la complicité du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP). Mettant les patients dans le désarroi, tout en pénalisant le travail des soignants dans les hôpitaux et des communautaires sur le terrain. « Les ASC souffrent à cause des ruptures prolongées de ces intrants. Or, il est dit que ceux-ci doivent faire la prise en charge à domicile (PECADOM) », a déclaré une sentinelle à travers l’observatoire. Durant l’année 2022, le TAW a enregistré dans 90 formations sanitaires observées dans 50 districts de santé une rupture de 15,41% en traitement des enfants de moins de 5 ans, 15,46 % de rupture pour le Traitement Préventif Intermittent (TPI) chez la femme enceinte et 13, 25 % de rupture de Milda. Il faut noter que les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes sont les couches les plus vulnérables et les personnes les plus touchées par le paludisme. Selon les données de l’OMS datant de 2021, les enfants de moins de 5 ans représentaient 80 % environ des décès dus au paludisme. Le Cameroun faisant partie des quinze pays les plus touchés avec 2.9% de cas de paludisme et de décès dans le monde. La pénurie de traitement demeure une entrave à la lutte et à l’atteinte des objectifs d’ici 2030.
En plus de ces constats, certaines formations sanitaires pratiquent des coûts à la place de la gratuité. Pour l’année écoulée, on a enregistré 61% de surcoût sur le traitement du paludisme chez les enfants de 0 à 5 ans. Ce qui est contraire à la décision N°0031/MINSANTE/CAB du 21 janvier 2011 et celle N°0399/D/MINSANTE/CAD du 18 juin 2014, portant respectivement gratuité du traitement du paludisme simple et du paludisme grave chez les enfants de moins de cinq ans. « Il faut débourser entre 2000 et 3 000 FCFA pour obtenir un traitement paludisme (Artemether injectable 80 mg ampoule de 6) », affirme la maman d’un patient rencontrée par nos observateurs au CMA de Founangue dans la région de l’Extrême-Nord en février dernier. En outre, pour le premier trimestre de l’année 2023, en moyenne 62.16% des FOSA observées ont pratiqué des surcoûts concernant le traitement des enfants 0 à 5 ans.
Face à cette situation inquiétante, POSITIVE-GENERATION, appelle :
- Le Premier Ministre Chef du gouvernement de veiller à l’application effective de la politique de gratuité concernant la prise en charge palu des enfants de 0-5 ans et des femmes enceintes ;
- Le Ministre de la Santé publique à prendre des mesures nécessaires pour une meilleure distribution des médicaments contre le paludisme et des Milda afin d’éviter les ruptures ;
- Le Programme National de Lutte contre le Paludisme à veiller à la mise en œuvre efficiente et efficace de la stratégie de lutte contre le paludisme de l’OMS et appliquée par l’Etat du Cameroun qui consiste à éliminer la menace que représente la maladie pour la santé publique d’ici 2030.
- Au CCM de mener une enquête approfondie afin de trouver des solutions pérennes à cette situation.
Yaoundé, 25 avril 2023